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16 novembre 2005

Miércoles 16 de noviembre

Nos enfants et la télé : quelles émissions et à quelle dose ?

Scotchés devant le poste dès le retour de l'école, ils ne l'abandonnent qu'après quelques cris et grincements de dents. Permission, répression ? Souvent, nous ne savons quelle position adopter. Le pédopsychiatre Claude Allard, auteur de "L'Enfant au siècle des images", propose douze pistes de réflexions.

  1 Pourquoi les enfants sont-ils fascinés par la télévision ? Les images offrent aux enfants un moment de "déréalisation". Avec la télévision, ce phénomène est renforcé. Au cinéma, il y a un début, un déroulement, une fin. Et aller voir un film s'accompagne d'un rituel : salle sombre, écran géant, présence d'autres spectateurs* Les enfants sont conscients de vivre un moment extérieur à eux, limité dans le temps et dans l'espace. Autant de conditions absentes quand ils se retrouvent face au flux continu d'images disparates diffusées par la télé. La prise de distance devient plus difficile et la fascination en est renforcée.

2 Quels effets produisent sur eux les images ?

Avant 3-4 ans, ils sont surtout fascinés par tout ce qui est de l'ordre de l'action et du mouvement dans l'image. Ils sont pris par le rêve éveillé qu'ils regardent, qui leur demandent un effort d'attention. Mais s'ils développent leur sens visuel, c'est au détriment de leurs autres sens, de leurs capacités psychomotrices notamment. Entre 4 et 7 ans, c'est l'identification qui prévaut. Ayant encore du mal à distinguer réalité et imaginaire, ils s'identifieront à certains personnages en fonction de leurs fantasmes. Après 7 ans, ils peuvent comparer les images proposées et la réalité. Ils ont acquis les notions de temps et d'espace, qui les rendent aptes à développer leur esprit critique. Ils peuvent choisir leurs programmes et personnages fictifs favoris et s'imposer des pauses. Ces capacités sont tout à fait acquises vers 10-11 ans. A cet âge, un peu blasés par la télé, ils s'en détourneront au profit des jeux vidéo. Le contenu des images prendra plus d'importance. Dans un jeu d'identification plus ou moins conscient, les enfants préféreront des personnages qui flattent leur ego : héros à la toute-puissance phallique pour les garçons, stars alimentant le désir de séduction pour les filles* C'est surtout à cet âge que les parents doivent s'interroger sur le choix des programmes.

3 A

quel âge peuvent-ils regarder seuls le petit écran ?

La "télévision baby-sitter" est à proscrire pour les raisons mentionnées précédemment. A partir de 7 ans, les enfants peuvent regarder seuls la télévision. Mais, être parent, c'est d'abord les guider dans leurs choix et les aider à décrypter les phénomènes. La télévision ne doit surtout pas échapper à cette règle. Surtout auprès des moins de 7-8 ans, incapables de s'imposer seuls une limite.

4 Comment leur fixer un "quota télé" ?

Les parents doivent, très tôt, imposer des règles strictes. C'est à eux * et non aux enfants * de fixer un "quota télé". Déterminé pour la semaine, par exemple, il peut varier, mais toujours sur décision parentale. Quand les enfants sont en âge de choisir leurs programmes, fixer ce quota avec eux est une méthode efficace pour les aider à devenir acteurs plutôt que spectateurs passifs.

5 Que faire pour qu'ils respectent ce quota ?

Il est impossible d'être toujours derrière eux. Mais les encadrer dès leur plus jeune âge évite d'avoir ensuite à jouer un rôle strictement répressif favorisant la transgression. Parler très tôt de la télévision évite que l'interdit ne soit considéré comme arbitraire.

6 La télévision dans leur chambre : dangereux ou pas ?

Dangereux, parce que banaliser la télévision, c'est restreindre leurs chances de trouver d'autres occupations plus enrichissantes. La télé ne doit pas être leur seul objet de divertissement.

7 Ils aiment les émissions "idiotes", que faire ?

Les parents sont en droit d'interdire des programmes. Mais, ce qui est idiot pour les adultes, ne l'est pas forcément pour les enfants. Avant d'interdire un programme, le regarder avec eux les incite à exprimer ce qu'ils apprécient et permet d'expliquer ce qui nous déplaît* Interdire en disant  c'est un programme "débile" » est inefficace. Argumenter, c'est les inviter à faire de même et les aider à se construire leur propre jugement.

8 La télévision le matin avant l'école : à éviter ?

S'ils se sont levés très tôt et que l'on a pris le temps de s'occuper d'eux, pourquoi ne pas les autoriser à la regarder quelques minutes ? C'est davantage un problème avec les tout-petits, qui avalent leurs céréales en regardant la télé et se retrouvent directement dans la salle de classe : les parents ne leur ont pas donné les moyens d'assumer la transition entre vie familiale et vie scolaire. La télévision agit alors comme un écran, empêchant les enfants de réaliser l'absence parentale qu'ils vont vivre pendant la journée. Ce sera donc dans l'après-coup, c'est-à-dire en classe, qu'ils prendront conscience de cette absence et pourront ressentir un manque affectif.

9 La pub, un risque de "crétinisation" ?

Dès l'âge de 3-4 ans, ils reconnaissent jingles publicitaires et logos. Mais ce n'est qu'à partir de 7-8 ans qu'ils en saisissent l'intention persuasive. D'où la nécessité d'en parler avec eux pour qu'ils ne soient pas "victimes de la pub".

10 Les informations : pédagogiques ou anxiogènes ?

Le journal télévisé est, dans la forme et le fond, un programme pour adultes. Et il n'est pas inutile, pour les enfants, d'avoir accès à un discours d'adulte. Mais des images dramatiques peuvent générer des angoisses. L'idéal est d'éviter ce spectacle aux moins de 7-8 ans. Pour les plus grands, il faut qu'un adulte les leur explique, et le format du journal télévisé ne permet pas toujours ce moment d'explication.

11 Comment gérer les scènes d'amour, ou de sexe ?

Le film pornographique exige une maturité affective et sexuelle. La signalétique (interdit aux moins de 16 ans) est donc adaptée. Si les enfants la transgressent, la violence des images sera atténuée parce qu'ils se savent dans l'interdit. Dans un film tout public, s'ils posent des questions ou sont gênés face à une scène d'amour, c'est l'occasion d'évoquer la sexualité. Si la scène mêle sexualité et violence, il est indispensable d'en parler. Quand ils entendent leurs parents faire l'amour, ils croient parfois qu'ils se battent. D'où le risque de traumatisme lorsqu'ils découvrent ces scènes violentes. L'essentiel est alors de leur dire que faire l'amour, c'est faire plaisir à l'autre.

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